8 choses à savoir sur le Miel de Manuka

1- L’origine du miel de manuka en Nouvelle-Zélande
2- Miel de manuka : l’or brun des apiculteurs
3- Production et vente du miel de manuka
4- Caractéristiques du miel de manuka
5- Les labels du miel de manuka (UMF, MGO, IAA,..)
6- Comparaison avec d’autres miels monofloraux internationaux
7- Le miel médical
8- Batailles juridiques autour du miel de manuka

Introduction de l’abeille noire en Nouvelle-Zélande

La production de miel en Nouvelle-Zélande débute en mars 1839 avec probablement Mary Bumby (1811-1862), sœur d’un missionnaire méthodiste, qui y introduisit l’abeille noire de Sydney (Australie).

La brousse néo-zélandaise s’est révélée être un milieu hospitalier pour les abeilles et le nombre de colonies sauvages s’est multiplié rapidement. Isaac Hopkins, considéré comme le père de l’apiculture en Nouvelle-Zélande, a observé que dans les années 1860, les nids d’abeilles dans la brousse étaient abondants et que des quantités considérables de miel étaient vendues par les Maoris – les premiers apiculteurs commerciaux du pays.

Le miel de manuka, un miel délaissé

Au XXème siècle, les apiculteurs néo-zélandais donnent la priorité au miel de Trèfle blanc. Il est facile à extraire et plaît aux Européens. Ils ne savent que faire du miel de Manuka, difficile à exploiter et délaissé par les consommateurs (c’est un miel foncé, avec une texture particulière et un goût très prononcé).

A la fin des années 70, un apiculteur, Dudley Ward, met au point une technique pour extraire ce miel visqueux et tente de développer sa commercialisation…
Débute alors l’aventure du miel de Manuka.

 

 

La plante manuka (Leptospermum scoparium)

Le miel de manuka est produit par les abeilles butinant un arbuste appelé :
Manuka,
Kahikatea,
Tea tree,
Leptospermum scoparium,
Myrte de Nouvelle-Zélande.

Les miels de manuka

Il existe plusieurs miels de manuka (l’Australie abrite 84 des 87 espèces de Leptospermum, 1 seule en Nouvelle-Zélande), classifiés en fonction de l’efficacité microbienne (DHA et MGO).

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Le miel de manuka intéresse les scientifiques

En 1985, le miel de manuka attire l’attention de Peter Molan (1943 – 2015) biochimiste et son équipe de recherche. C’est au Professeur Peter Molan que l’on doit en effet la mise en évidence des bienfaits du miel de Manuka.

En 2008, le professeur Peter Molan travaille en étroite collaboration avec le professeur Thomas Henle et soutient pleinement les conclusions de son collègue. Le méthylglyoxal (MGO) était le lien avec ce que le professeur Peter Molan avait cherché toute sa vie.

Investissements du gouvernement néo-zélandais

Puis des Investissements importants amenés par le gouvernement néo-zélandais et la filière alimentaire néo-zélandaise permettent au miel de manuka d’être connu à l’internationale.
De nombreuses études scientifiques paraissent afin de démontrer les qualités exceptionnelles du miel de manuka.

Et à partir de 1998 seront déposés plusieurs labels certifiant la teneur en méthylglyoxal du miel de Manuka (indices UMF, MGO, IAA…).
Cette labellisation entrainera une hausse des prix exponentielle.

Le prix du miel de manuka

Les principaux producteurs de miel de manuka sont australiens et néo-zélandais.
Le prix de vente en gros (en vrac) du miel de manuka en Australie et Nouvelle-Zélande est compris entre 29 € et 69 €/kg.
En France, vous pouvez trouver du miel de manuka pour 25-30 € le pot dans les boutiques bio. Pour un miel d’exception ce prix est relativement bas.
Mais ramené au prix du kilo, le miel de manuka peut atteindre jusqu’à 170 €/kg.

Quel est donc l’intérêt d’importer un miel du bout du monde ?

Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que le volume de miel de manuka vendu dans le monde est largement supérieur à la capacité de production de la Nouvelle-Zélande… (Times Magazine).

Les recherches menées par la principale organisation de producteurs de miel en Nouvelle-Zélande ont révélé que 1 700 tonnes de manuka y sont produites chaque année. Cependant, on estime que jusqu’à 10 000 tonnes de miel étiqueté manuka sont vendues chaque année dans le monde.

Le miel de manuka est un miel foncé, avec une texture particulière et un goût très prononcé avec des saveurs d’eucalyptus et de caramel.

Pour le miel de Manuka, deux composés caractéristiques sont importants d’un point de vue quantitatif, à savoir le méthylglyoxal (MGO) et la dihydroxyacétone (DHA).
Présents à des concentrations allant jusqu’à 800mg/kg pour le MGO et 1500mg/kg pour le DHA.

Des chercheurs de l’Université de Waikato ont identifié il y a quelques années le DHA comme le précurseur du MGO. Le DHA est déjà présent dans le nectar, et est ensuite transféré au MGO lors du stockage du miel.

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Afin de caractériser les différents miels de manuka, il existe de nombreux labels. Pour rappel, l’Australie abrite 84 des 87 espèces de Leptospermum.

Mais en utilisant plusieurs indicateurs qui finalement indiquent la même chose, il n’est pas forcément évident pour le consommateur de pouvoir faire la comparaison de ces différents miels de manuka…

Label UMF (Unique Manuka Factor)

La première classification a été mise en place par le Professeur Peter Molan, et établie en fonction de l’efficacité microbienne des miels de Manuka (indice de sa teneur en actif antibactérien).

Il s’agit de l’indice UMF (Unique Manuka Factor) ou IAA (Indice d’Activité Microbienne) en français.

UMF et IAA signifient donc la même chose et sont deux marques déposées.
Ces labels peuvent aussi parfois être nommées OMA pour Organic Manuka Active.

Ainsi, les pots de miels de Manuka peuvent être choisis par le consommateur en fonction de son effet, à savoir du moins puissant (UMF10+) au plus puissant (UMF20+). La valeur UMF est déterminée par un test de diffusion sur gélose, comparant l’activité antibactérienne du miel à 10% de phénol.

A titre d’exemple, un miel de Manuka présentant la même action qu’une solution aqueuse à 10 % de phénol se verra attribuer le label UMF (ou IAA) suivi de 10+.

Si l’activité bactérienne d’un miel de Manuka est identique à celle d’une solution aqueuse à 18 % de phénol, il portera l’indice UMF 18+ (ou IAA 18+).
Cette méthode de test s’est avérée imprécise en raison des nombreuses marges d’erreur dans les résultats du test. Toutefois, le chercheur et son équipe n’ont pas été en mesure d’identifier le composé actif à l’époque.

Cette méthode d’essai n’est pas accréditée par l’IANZ (International Accreditation New Zealand).

La marque UMF (Unique Manuka Factor) a été créée par l’Australian Manuka Honey Association (AMHA) en 1998 pour mettre en évidence et différencier le miel qui a atteint un niveau spécifié d’activité antibactérienne.
Tous les miels de Manuka ne sont pas classés UMF, seuls ceux qui ont été testés et vérifiés de manière indépendante par un laboratoire agréé par l’AMHA reçoivent une note UMF. Pour bénéficier d’un classement UMF une entreprise doit détenir un numéro de licence UMFHA valide, vérifiable sur le site Web de l’UMFHA.

Label MGO (méthylglyoxal)

MGO est l’indice qui permet d’indiquer la quantité de Méthylglyoxal exprimée en mg/kg (analysée par chromatographie reproductible) et contenue dans le miel de Manuka.
La méthode d’essai pour mesurer les concentrations de méthylglyoxal est accréditée par l’IANZ (International Accreditation New Zealand).

Le professeur Thomas Henle a découvert ce lien unique entre le méthylglyoxal (MGO) et les capacités antibactériennes du miel de manuka en 2006.

MGO est aussi une marque déposée…

Un miel de Manuka MGO 100 affiche une concentration de Méthylglyoxal au moins égale à 100 mg/kg tandis que MGO 550 signifie que l’on est en présence d’un miel « extrêmement puissant » puisqu’il contient au moins 550 mg de MGO par kg.

Caractéristiques des miels de manuka :

30+ à 100+ MGO
Pour l’alimentation et le bien-être quotidien.

250+ MGO
Propriétés sur la digestion et les plaies légères.

400+ à 550+ MGO
Efficace sur les toux, les bronchites, les aphtes, les plaies et les brûlures, les angines, et dans ses indices les plus élevés, il s’avère bénéfique en cas d’ulcères et de gastro-entérites.

Les caractéristiques décrites ci-dessus se retrouvent aussi dans tous les miels…

Tous ces labels sont propres au miel de manuka et sont des marques déposées. Il devient donc difficile de comparer le miel de manuka avec les autres miels monofloraux du monde entier.

Label TPA (Total Peroxydique Activity)

TPA est l’indice qui permet de quantifier l’activité d’un miel de Manuka à la fois due à la présence de peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée) et de MGO.

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Il existe de nombreuses études scientifiques sur les miels de manuka mais… 
… peu de comparaison avec les autres miels.

En 2018, une étude scientifique comparait 4 miels de 3 pays différents.
Ces miels ont été récolté entre 2013 et 2015 et provenaient de Cuba, de Nouvelle-Zélande et du Kenya.

• 1 miel de manuka de Nouvelle-Zélande,
• 2 miel polyfloral de Cuba,
• 1 miel de Faurea saligna, arbre du Kenya.

Ces miels ont été testés sur différentes souches de bactéries. Les quatre miels ont inhibés la production de biofilm par les souches S. aureus, S. epidermidis, S. pyogenes, S. gordonii et P. eruginosa, et ont réduit la biomasse préformée sans éradication complète du biofilm.

Le miel cubain a affiché l’activité antimicrobienne la plus élevée, supérieure à celle du miel de manuka…

Source : Comparison of the Antimicrobial Activities of Four Honeys From Three Countries (New Zealand, Cuba, and Kenya)

Le miel médical est utilisé dans un environnement stérile et c’est pour cela qu’il est irradié aux rayons gamma. Le miel médical est utilisé dans de nombreux hôpitaux, principalement sous forme de pansements.

Au Centre Hospitalier Universitaire de Limoges, et plus particulièrement au sein du service de chirurgie viscérale, le miel de thym et de lavande est utilisé.

Au Christie Hospital de Manchester (Angleterre), des pansements imprégnés de miel de manuka sont désormais préparés à l’intention des patients opérés d’un cancer de la bouche afin de réduire l’inflammation et le risque de contracter un staphylocoque antibiorésistant (MRSA).

Depuis une trentaine d’années, le miel de manuka est l’objet d’une bataille commerciale, médiatique et juridique internationale.

2012 : fraude au miel de manuka

L’UMFHA s’inquiétait de la vente en grande quantité de faux miel de manuka “actif” dans le monde.

2017 : droit sur le terme Miel de manuka

Les producteurs néo-zélandais ont tenté d’obtenir le droit exclusif sur le terme « miel de manuka « au Royaume-Unis, aux Etats-Unis et en Chine.

Après une bataille juridique de cinq ans avec les apiculteurs australiens, les apiculteurs néo-zélandais se sont retirés du différend sur les marques en 2022.

2019 : Adultération du miel de manuka

Un producteur de miel d’Auckland a été poursuivi pour « avoir prétendument ajouté des produits chimiques synthétiques à ses produits de manuka ».

2023 : Le miel de manuka, exclusivité néo-zélandaise

L’industrie néo-zélandaise du manuka est accusée d’avoir induit les consommateurs en erreur après avoir allégué que le miel dérivé d’espèces autres que le Leptospermum en dehors de la Nouvelle-Zélande n’est pas authentique.

Début 2023, l’Unique Manuka Factory Honey Association (UMFHA) de Nouvelle-Zélande a mené des tests scientifiques au Royaume-Uni et aux Etats-Unis pour vérifier que le miel de Manuka vendu était bien du miel de Manuka.
46 marques de miel de manuka ont échoué au test, toutes ces marques n’étaient pas en néo-zélandaises…

Les tests portaient sur 4 produits chimiques du nectar et un marqueur ADN du pollen de manuka.
82 % n’ont pas satisfait à l’exigence de qualité : < 40 mg/kg de HMF (Hydroxyméthylfurfural),
60 % ont échoués au test chimiques naturels : 4-HPLA,
80 % ne contenaient aucun ADN détectable de Leptospermum scoparium,
32 % n’ont pas satisfait à l’allégation de puissance MGO (Méthylglyoxal)

Le rapport a déclenché une réaction de la part de l’Australian Manuka Honey Association (AMHA) qui affirme que l’étude de l’UMFHA trompe délibérément les consommateurs sur le fait que seul le miel de manuka de Nouvelle-Zélande est authentique.

Pour l’UMFHA et le ministère néozélandais des industries primaires (MPI) : le miel de Manuka est le miel récolté par les abeilles sur le Leptospermum scoparium poussant en Nouvelle-Zélande.

Pour l’AMHA, le miel de manuka est testé sur des normes minimales de MGO et de dihydroxyacétone (DHA).